La Religion Cosmique

 

"Les religions sont comme ces bougies, elles portent une seule et unique flamme : " La Religion Universelle " mais au lieu de s’unir, elles se sont divisées ’’.

 

Si nous pouvons considérer toutes les religions comme vraies car émanant d’une source unique, force est de constater qu’aucune d’entre elles n’a su gardé la pureté et l’authenticité qui faisaient d’elles une religion universelle alors que le Maître-fondateur était présent au milieu de ses disciples. Mais au lieu de cela, tous les grands courants religieux et spirituels sont tombés dans le piège de la présomption et ont ainsi perdu ce qui faisait d’elles des religions universelles. Pourquoi ? C’est ce que tente d’expliquer cet article.

Les religions, miroir brisé de la Vérité.

Toutes les Religions sont vraies, et leurs prétentions à la Vérité toutes recevables :

L’Un est sans exception le Multiple. Et toutes fausses dans leur particularité et leur présomption à représenter la Totalité universelle

Il en est de la Vérité rapportée par les visionnaires comme de l’Eléphant décrit par quatre aveugles dans la fable indienne.

L’un vit la Majesté insoutenable, le Roi de Gloire et de Terreur, en fut aveuglé et ne vécut plus que dans la crainte et la soumission.

L’autre connut la présence chaleureuse et aimante, l’appela Père des Cieux, aima le monde et enseigna l’Amour universel.

Un autre découvrit l’Ami, le Confident, et devint l’intime du Béni ; mais cette Présence se fit pesante, étouffante et asservissante.

Un autre encore pénétra la Vacuité insondable, rien qu’un Vide sans nom, désespéra de ce silence et du Monde, et chercha moyen d’y échapper.

Telle est la connaissance : un miroir brisé dont les morceaux rassemblés peuvent seulement recomposer l’image véritable du divin.

L’humanité ploie courbée sous une chape d’ignorance, écrasée et mortifiée par ces " Montagnes sacrées " que sont le Sinaï, le Golgotha, le Swavanabu, le Hira et le Shivline.

Qui donc la dégagera de cette illusion universelle ?

Cet égarement peut être le fait de la Nature elle-même, du Milieu vital.

Car c’est la Nature qui a parlé d’avantage aux hommes que le Ciel. Opulente et accueillante, ou au contraire désertique et inhospitalière, elle imprègne et marque véritablement les esprits de fécondité ou d’aridité, d’amabilité ou d’hostilité.

L’aridité du climat crée ainsi les conditions de morales austères, sévères et rigoristes, heureusement tempérées par des vertus d’entraide, d’hospitalité, de partage et de charité, tout comme la misère sociale et économique engendre inévitablement le nihilisme, le négativisme et la " commisération ".

En l’occurrence, l’externe commande à l’interne : faut-il alors regarder la charité comme la bonté d’âme ou la contrainte du Milieu, une nécessité de la survie commune ; et l’ascétisme comme la libre dévotion ou la vertu du dénuement ?

Faire de nécessité vertu, est ici vrai : cette nécessité transmue la résignation fataliste devant l’ingrate Nature en soumission dévote, l’endurance au climat en rigorisme et zèle pieux.

Quand la Nature parle, contraint et s’impose avec une telle évidence, peut-on vraiment encore parler de " Révélation " ?

La religion des Sémites ne pouvait que naître du désert, le taoïsme de la ruralité, le confucianisme du milieu des lettrés, l’hindouisme et le bouddhisme de la précarité misérable : les Religions fixent simplement, codifient et interprètent en termes d’obligations, de devoirs, de règles et de commandements ce qu’elles identifient comme étant l’assentiment général des valeurs, la coutume régnante ou encore la réalité sociale, politique ou économique.

La dégénérescence des religions.

Autre motif d’égarement, le peuple lui-même.

Nombre de prophètes et d’illuminés furent chêvriers et gardiens de troupeau :

Quoi d’étonnant qu’ils aient rendu l’humanité bourrique ? Le peuple pervertit toute forme d’inspiration, serait-elle aristocratique ou sacerdotale ; il n’entend guère le pur, le sublime et le transcendant.

Son goût du théâtral, du rituel pompeux et de l’attirail dévot, le conduit à substituer la déraison à la Raison, le fanatisme à la tolérance, la minutie à l’essentiel, et le merveilleux au vrai : par là s’avilit toute pensée élevée, culminante, née dans la Lumière, se noie toute profondeur dans l’insignifiant et le dérisoire.

Le meilleur exemple en est le taoïsme. Lorsqu’il ne comprit plus l’éternité inscrite dans sa doctrine et voulut la rechercher dans l’immortalité du corps, sa conservation et sa préservation, il dégénéra et devint croyance populaire, un fatras de procédés diététiques, alchimiques, yoguiques et magiques.

Son enseignement premier était pourtant que la mort était l’autre face de la Vie, la boucle invisible du même Cercle éternel de l’existence, un autre état de l’être.

En matière de Vérité, le taoïsme représente quand même le bon sens ; le bouddhisme un contre-sens métaphysique ; le christianisme, un excès de sens moral ; le mosaïsme et le mahométisme un sens du divin dévoyé ; et l’universisme confucianiste un sens de la Nature accompli.

Mais le sage, parvenu au bord de l’Océan de la Vérité, doit se rappeler la nature véritable des choses : le vrai est un changement sans fin ; le faux est un changement sans fin.

Et si un choix s’impose malgré tout, il lui faut préférer l’éclairé à l’éveillé ou bien à l’illuminé : car c’est préférer la non-conscience (l’immersion taoïste) à l’abolition de la conscience, la dissolution du soi bouddhiste et à la mauvaise conscience (la culpabilité chrétienne).

L’éclairé parvient à la connaissance par lui-même, l’éveillé ne connaît pas s’il ne rêve pas d’être éveillé ; l’illuminé a besoin d’une lumière du dehors pour connaître.

Mais qui sait si l’homme est prêt pour la Vérité ultime ?

C’est à l’instant où l’on culmine au sommet qu’on est au pic de l’abîme, où l’on touche à la hauteur qu’on se risque sur le vide, où l’on atteint à la Compréhension ultime que l’on tombe dans la Réprobation, le Refus et la Révolte !

Et cet inacceptable, cet intolérable, qu’est-il sinon que le Mal est aussi la nature de l’Univers, et sa stratégie même ?

C’est à l’instant où l’on culmine au sommet qu’on est au pic de l’abîme, où l’on touche à la hauteur qu’on se risque sur le vide, où l’on atteint à la Compréhension ultime que l’on tombe dans la Réprobation, le Refus et la Révolte !

Que voulait donc cacher le voile pudibond du sacré ?

C’est à l’instant où l’on culmine au sommet qu’on est au pic de l’abîme, où l’on touche à la hauteur qu’on se risque sur le vide, où l’on atteint à la Compréhension ultime que l’on tombe dans la Réprobation, le Refus et la Révolte !

Que l’humanité serve des dieux doit à l’impie, au blasphémateur et au mécréant d’avoir été délivrée ; au réprouvé de lui avoir enseigné l’infinitude de l’Amour; à l’Adversaire, à l’Antagoniste de l’avoir servie dans son évolution ; et en vérité à qui su la détourner de l’avoir éduquée et sortie de l’égarement, à qui su la contraindre et la combattre de l’avoir éclairée et éveillée.

C’est à l’instant où l’on culmine au sommet qu’on est au pic de l’abîme, où l’on touche à la hauteur qu’on se risque sur le vide, où l’on atteint à la Compréhension ultime que l’on tombe dans la Réprobation, le Refus et la Révolte !

 

(Mei-Hia J)